Karl Domenic Geissbühler (1932)

Sous l’intendance de Drese, Groszer, Pereira et Homoki – autrement dit de 1976 à 2015 – Karl Domenic Geissbühler réalise pour l’opéra de Zurich plus de 500 affiches, des décors, les programmes, mais aussi le journal et les annales de l’opéra. Avec le savoir-faire acquis à la Kunstgewerbeschule de Zurich auprès de ses maîtres Ernst Keller et Johannes Iten, il édifie une œuvre qui sera abondamment récompensée et à laquelle seront consacrées maintes expositions et publications.

S’il se passe de commande écrite pour mener à bien ses missions pour l’opéra, il ne le quitte pas des yeux, depuis son studio situé en vis-à-vis. Il étudie les livrets, a ses entrées à l’atelier du théâtre, s’inspire des décors, des costumes, parfois même d’un seul accessoire, savoure ses pensées, trace un premier jet, joue avec les formes. Ses esquisses, parfois une vingtaine pour un projet, sont déjà très proches du résultat définitif. Qu’il s’agisse de Mozart ou de Kelterborn, de Wagner ou d’un ballet moderne, rien ne l’effarouche. Les affiches de Geissbühler sont l’expression d’une attitude envers la vie, d’une vision esthétique et le fruit d’un travail manuel passionné. Chaque représentation engendre une création unique, née de l’amour du théâtre et de toute la volupté qu’il peut procurer.

Ses œuvres sont comme une carte de visite, elles confèrent à l’opéra de Zurich une identité visuelle immédiate et puissante, mais aussi une continuité au fil des années. L’opéra se résume parfois à un motif symbolique ; il est représenté tantôt picturalement par un seul personnage, tantôt par une abstraction qui synthétise l’ambiance ; une autre fois, c’est le titre qui fait l’affiche, mis en valeur par des moyens typographiques ; enfin, c’est parfois un fragment qui a la vedette. L’amour, la haine, l’espoir, la beauté et la mort : les sempiternelles obsessions de l’existence humaine s’y trouvent modulées à l’infini.